Le Houga

Mémoire

Commémoration du 6 août 2023

Discours de Mme Patricia Feuillet Galabert

Commémoration du 6 août 2023

Depuis le débarquement allié du 6 Juin 1944, les troupes d’occupation sont fébriles et mènent partout des opérations de répression pour mater la Résistance qui multiplie les actions de sabotage. Les combats s’intensifient, les maquis s’unissent et harcèlent l’ennemi lui arrachant la liberté de mouvement.

Bien des villages verront des drames se nouer et de jeunes hommes tomber.

Matin du 6 août 1944, un brouillard épais emprisonne le village, notre commune est envahie par deux détachements de l’occupant, certainement renseigné par des agents, qui les jours précédents, ont recueilli des informations sur l’organisation de la résistance dans le secteur.

Les allemands ciblent l’hôtel Lafontan et plusieurs fermes actives dans l’aide aux résistants. Ces derniers sont très présents forêt de l’Aveyron à Lussagnet, très engagés à Villeneuve de Marsan.

Ce dimanche 6 août, à hôtel Lafontan Lestage, l’occupant va faire prisonnier Henri Thiebaud, Marthe Lafontan, Jean Laborde, ainsi que plusieurs autres personnes, l’hôtel va être pillé et détruit à l’explosif. Les allemands vont rassembler tous les suspects au lieu dit la jalousie (où se trouve l’avant dernier pupitre du chemin de mémoire) pour les conduire à Mont-de-Marsan, puis au fort du Hâ à Bordeaux, d’où ils furent libérés le 28 août.

Mais pour Henri Thiebaud, Jean Labastie et Pierre Farines va commencer le chemin de croix.

Henri Thiebaud résistant landais âgé de 42 ans, est torturé, interrogé et contraint de conduire les soldats nazis jusqu’au bois de Bascaules où se trouve le maquis. La forêt de Bascaules est l’objectif principal, les maquisards y sont présents depuis quelques jours ; ils pourront s’en échapper grâce à la célérité et le courage de villageois les avertissant du danger.

Aux alentours du bois, Pierre Farines, âgé de 22 ans, est capturé par les allemands alors qu’il était en mission de ravitaillement pour deux camarades qui montaient la garde. Jean Labastie, âgé de 32 ans, est arrêté à son tour par un barrage allemand alors qu’il tentait de gagner le village alerter Thiébaud à l’hôtel Lafontan. Les trois hommes sont regroupés, ils sont fusillés dans le bois.

Marcher sur le chemin de Bascaules chaque année, cheminer chaque jour sur le parcours de mémoire que nous avons voulu créer en 2016 avec Jacques Fitan, c’est faire vivre le souvenir de ces hommes, se remémorer leur engagement collectif au sein de la résistance et partager la tragédie de leur vie brisée, enlevée à l’amour des leurs.

Ces hommes, qui portaient chevillées au corps des valeurs universelles, sont tombés dans la clairière de Bascaules sur une terre de résistance.

Pour conclure je reprendrai les mots de Madame Najat Vallaud Belkacem alors ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, et de la recherche, à l’occasion de l’inauguration du chemin de mémoire le Houga Toujouse.

"L’oubli est une chose redoutable, parce qu’il nous conduit à prendre pour acquises, des situations qui sont le résultat d’un long combat. Mettre nos pas dans les traces de ces hommes, parcourir leurs chemins, nous permet de mieux dessiner les nôtres dans les troubles présents et futurs. Ce chemin de mémoire est aussi un parcours de citoyenneté. Ce chemin de mémoire n’est pas un chemin du passé. Il est d’une actualité brûlante".

Commémoration du 6 août 2023
Commémoration du 6 août 2023
Commémoration du 6 août 2023