Le Houga

Mémoire

Commémoration du 6 août 2025

Discours de Mme Patricia Feuillet Galabert

Mr le secrétaire général de la préfecture
Mr le Sénateur
Mr le Président de la CCBA
Mrs Les Maires, Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Directeur de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
Monsieur le représentant de la délégation militaire du gers,
Mr le représentant des forces de l’ordre
Mrs les représentants du corps des sapeurs-pompiers
Messieurs les représentants des Associations d'anciens combattants,
Messieurs les porte-drapeaux,
Cher Jacques LABASTIE, chère Ambre
Mesdames, messieurs,

Les chemins des Landes et du Gers sont perlés de sépultures que l’on fleurit chaque année.

De jeunes résistants, des habitants pris dans la tourmente sont tombés dans les fougères de leur campagne, abattus froidement.

L’année 1944 soufflait le vent de la défaite pour un ennemi en panique. Au delà des faits d’armes tragiques, n’oublions pas le combat moral, pour des idées de fraternité, pour refaire vivre une République qui n’était plus une et indivisible. "Un seul combat pour une seule patrie" dira le Général de Gaulle.

Dans nos campagnes, devenir résistant était une évidence. On suivait l’engagement d’un instituteur, d’un curé de campagne ou d’une figure locale.

Il y eu des résistants de tout bord, il s’agissait de forger une volonté. Volonté de sortir le pays de la nuit, volonté de retrouver la République.

Nous sommes ici réunis pour ne pas oublier. Ne pas oublier qu’un dimanche matin, le 6 août 1944, le village se réveillait dans un épais brouillard et allait vivre des heures de terreur, d’angoisse, puis de soupçons.

Nous sommes ici réunis pour témoigner qu’il y a 81 ans, la guerre, la torture sévissait chez nous dans notre village.

Nous sommes ici réunis pour assurer le lien entre les témoins de l’Histoire et les jeunes générations.

Le 6 août 1944, Henri THIEBAUD a rendez vous à l’Hôtel LAFONTAN au HOUGA avec Mme PEGUY qui lui apporte des cartes d’alimentation.

Ce jour-là, au petit matin, Le HOUGA est envahi par un détachement de soldats allemands. L’hôtel est perquisitionné, plusieurs personnes sont arrêtées dont Marthe LAFONTAN, et le garagiste Jean LABORDE. L’hôtel est pillé, et le bâtiment détruit à l’explosif.

Les personnes arrêtées sont transférées à Mt de MARSAN puis au fort du Hâ, d’où elles sont libérées le 28 août, les nazis n’ayant pas eu le temps de les déporter.

Henri THIEBAUD sera conduit dans le bois de Bascaules par les soldats nazis. Il y sera fusillé, à l’âge de 43 ans, avec Pierre FARINES, âgé de 22 ans, capturé par les allemands alors qu’il était en mission de ravitaillement de deux camarades qui montaient la garde, et Jean LABASTIE, âgé de 32 ans, arrêté par un barrage allemand alors qu’il allait prévenir Henri THIEBAUD à l’hôtel LAFONTAN.

Comme chaque année, nous leur rendrons hommage tout à l’heure, à l’endroit même où ils ont été exécutés.

Les municipalités de Toujouse et du Houga ont souhaité créer un chemin de mémoire pour honorer et figer dans les esprits les derniers instants de Henri Thiébaud, Pierre Farines et Jean Labastie, pour rappeler que la paix et la démocratie sont des choix quotidiens fragiles qui demandent lucidité, courage, et vigilance.

Par le biais des pupitres qui jalonnent le chemin de mémoire, nous avons voulu retracer le déroulement de cette journée pour participer au devoir d’histoire.

Car l’histoire a pour but de dépasser les représentations subjectives, en effectuant une étude critique des diverses sources et des différentes mémoires, pour reconstruire les événements passés le plus objectivement possible.

C’est ce devoir d’histoire qui nous permet de rendre hommage aux trois suppliciés qui sont allés jusqu’au sacrifice de leur vie pour que nous puissions aujourd’hui vivre en paix.

C’est ce devoir d’histoire qui nous oblige vis-à-vis des jeunes générations.

Mais les valeurs ne triomphent jamais, le combat est toujours à reprendre.

"Le sang sèche vite en rentrant dans l’histoire" Le sang sèche vite en rentrant dans l’histoire » a écrit et chanté Jean Ferrat. a écrit et chanté Jean Ferrat.

Le souvenir de cette journée appartient à chacun, son histoire appartient à tous et c’est cela qui doit être transmis.

Aujourd’hui, demandons-nous ce que le silence dit de notre époque.

À l’heure où le populisme gangrène nos démocraties, une tolérance sans limite peut engendrer l’intolérable.

Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme, c’est la haine des autres a écrit Romain Gary, auteur de "La promesse de l’aube".

Le 6 août, Henri THIEBAULT, Pierre FARINES, Jean LABASTIE, comme beaucoup de résistants, nous ont donné la promesse de leurs vies.

Que notre République en soit digne.

Commémoration du 6 août 2024