Discours de Mme Patricia Feuillet Galabert

Nous sommes aujourd’hui 8 Mai devant notre monument aux morts pour rendre hommage aux hommes et femmes partis le siècle dernier.

Le 8 Mai 45 date l’acte de capitulation de l’Allemagne. Des millions de morts, l’indicible Shoah, des pays dévastés, des villages rasés, des maquis décimés, des vies brisées, une jeunesse enlevée, broyée.

Nous avons tendance souvent à clamer "plus jamais cela", mais force est de constater que les périodes de paix ne sont que des parenthèses courtes entre les guerres. Nous le vérifions au fil du temps et l’histoire nous l’apprend. Guerre de religion, guerre de territoire, guerre d’occupation, guerre idéologique, tous les continents sont balayés par ce vent mauvais qui emporte la démocratie.

Nous avons tendance à penser que celle ci est inaltérable. Certains pointent ses insuffisances, englués dans l’immédiat, d’autres sa trop grande générosité et sa naïveté. Le peuple français a aimé, à travers les siècles, débattre, controverser. Aujourd’hui, on oscille entre une sorte d’indifférence, et une violence exacerbée. Comme si nos valeurs communes pouvaient être ébranlées sans dégât, et nous assistons à la déliquescence de ce qui nous tient ensemble.

Winston Churchill a écrit "la démocratie est le pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire". N’oublions jamais que c’est pour la démocratie que se sont levés dans les villes et villages, regroupés dans les maquis, des hommes et des femmes de courage qui ont refusé d’être asservis.

La France a choisi d’honorer, à travers l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, le combat de ces étrangers qui illustrent la diversité de la résistance française. Arméniens, Italiens, Républicains Espagnols, Juifs d’Europe de l’est, combattants Africains. Notre pays a mis trop de temps pour passer de l’oubli à la reconnaissance pour ces hommes et femmes qui donnaient "leur cœur avant le temps" comme l’a écrit Aragon. Aragon qui contribuera à travers le poème "strophes pour se souvenir" à réveiller les mémoires.

Aujourd’hui, devant un monde éclaté où des alliances improbables se nouent à travers les continents, il nous faut construire une Europe protectrice en nous gardant du retour du nationalisme. C’est souvent notre pays qui a donné à l’Europe des hommes et des femmes qui ont fait avancer l’idéal européen : Robert Schuman, Jacques Delors, Simone Veil...

Il appartient à chacun d’entre nous, particulièrement au monde éducatif, d’apprendre inlassablement ce que furent ces années noires. Il est de notre devoir de transmettre.

Simone Veil écrivit "venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes".

Cette parole est malheureusement éternelle.