Le Houga

Mémoire

Commémoration du 6 août 2022

Discours de Mme Patricia Feuillet Galabert

Commémoration du 6 août 2022

Nous sommes là pour commémorer la journée tragique du 6 août 44 et c’est toujours avec la même émotion que nous accueillons la famille Labastie.

Nous gardons en nous ce moment fort où devant la stèle du bois de Bascaules, fils, petit fils, arrière petite fille, mains liées, s’avancent et se recueillent. Nous savons que leur vie est habitée par ce drame et il nous appartient à nous élus, à nous citoyens, de respecter cette mémoire douloureuse.

Les années filent, notre république s’use et il nous faut baliser le chemin des nouvelles générations, lutter contre l’oubli et la banalisation du mal. La création du chemin de mémoire, inauguré le 6 août 2016 est un acte qui doit laisser trace des faits et qui doit éclairer le futur de nos enfants.

Nous devons de vivre en démocratie, à ces jeunes hommes pour qui il était naturel de s’opposer à l’infamie de l’idéologie nazie. La justice, la liberté, la solidarité, la tolérance, le respect, l'équité, sont des valeurs qu’il convient de vivifier et régénérer sans cesse. Aussi, nous devons faire preuve d’exigence à travers nos actes, à travers nos discours, à travers nos comportements.

Juillet 44, un parfum de libération accompagne l’été. L’armée allemande voit refluer sa domination, les combats et les sabotages s’intensifient. Panjas, Barcelonne, Portet, Estang, Viella, les pertes se multiplient et les drames se nouent chez les maquisards.

La forêt de Lussagnet toute proche voit les combattants s’y regrouper puis se déplacer vers le bois de Bascaules.

C’est dans ce contexte qu’un détachement de soldats allemand va fondre au petit matin sur notre village. La journée reste scellée dans l’esprit des jeunes folgariens de l’époque comme une marche vers l’horreur.

Jean Labastie, Henri Thiebaud, Pierre Farines vont être emportés par la barbarie jusqu’à l’inéluctable.

Les guerres recommencent toujours. Elles se ressemblent, elles sont sordides et après les traités de paix, les libertés parfois retrouvées, restent les vies brisées, les familles endolories, les destinées tragiques, les amours enfouis. "Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses, adieu la vie, adieu la lumière et le vent" écrit Louis Aragon dans son hommage aux résistants de l’ombre.

C’est le courage et le sacrifice de ces jeunes hommes pour les valeurs universelles qui devrait nous servir d’exemple. Leur envie d’unir leur force pour défendre l’essentiel.

Pourtant nous voyons se renforcer au fil du temps bien des comportements contraires à ceux que ces hommes fiers et courageux ont porté. Le patriotisme n’est pas le nationalisme.

Aujourd’hui, devant l’hôtel Lafontan, où commença cette journée tragique, nous nous inclinons dans le respect de leur courage et de leur engagement.