Le Houga

Mémoire

Commémoration du 6 août 2021

Discours de Mme Patricia Feuillet Galabert

Commémoration du 6 août 2021

Cette année encore, la situation sanitaire nous impose une commémoration des évènements du 6 Août 1944 dans le respect des mesures barrières.

Elle se déroulera en deux temps : le rappel des faits, ici au HOUGA, près de l’hôtel Lafontan, avec le dépôt d’un bouquet au pied du premier pupitre du chemin de mémoire, et l’hommage aux morts au bois de Bascaules.

La vocation d’une cérémonie commémorative est de se souvenir d'événements passés car ils fondent une identité collective, un être ensemble et un rapport au monde.

Voir la suite du discours de Mme Patricia Feuillet Galabert, Maire de Le Houga

Se souvenir du 6 Août 1944, c’est dire à quel point nos démocraties sont fragiles.

Se souvenir du 6 août 1944, c’est croire en l’éducation, en la culture, en la tolérance.

Se souvenir du 6 Août 1944, c’est honorer l’engagement de trois hommes et instruire les jeunes générations.

Dans le livre récemment publié, Le Gers en résistance, Jacques Fitan évoque ainsi cette journée du 6 Août :

Marthe Lafontan a 46 ans en 1944. A notre connaissance elle n’appartient à aucun mouvement de résistance organisé.

Propriétaire de l’hôtel Lafontan Lestage, au HOUGA ; elle y donne le gîte et le couvert à des réfugiés, juifs y compris, et des résistants.

A la fin du mois de juillet 1944 elle a servi des clients qui plus tard, s’avèreront des agents de renseignement de l’ennemi.

Encore dans la brume d’après orage de ce dimanche 6 août 1944, très tôt en matinée, le bourg est investi par deux détachements de soldats allemands en tenue de combat.

Le premier, stationné à PAU, arrive d’AIRE /AOUR ; le second depuis St Sever, via Cazères et Le Vignau, approche Le Houga par la route de Mt de Marsan.

Ils appartiennent respectivement à des bataillons du 205ième régiment des chasseurs de montagne et au 987ième régiment des grenadiers. Ils ne repartiront qu’après 16 heures : l’hôtel Lafontan Lestage a été détruit à l’explosif et les trois résistants capturés, fusillés en forêt de Bascaules.

Tôt réveillée au matin du 6 Août selon son témoignage, giflée, interrogée, surveillée, elle est contrainte, avec d’autres civils arrêtés, de traverser le village à pied avant d’être embarquée vers Mont de Marsan ; elle y est internée jusqu’au 12 août en maison d’arrêt. Elle est ensuite transférée au fort du Hâ d’où elle ne sort qu’à l’occasion de la libération de Bordeaux le 28 août.

A son retour au Houga, Marthe Lafontan a tout perdu : son hôtel meublé, pillé avant d’être dynamité par les troupes d’occupation, ses économies et son logement.

Il faudra cinq années pour que cette femme discrète et courageuse sorte du traumatisme du 6 août avec la reconstruction de son hôtel.

L’histoire de Marthe Lafontan est gravée sur le premier pupitre du chemin de mémoire.

Ce chemin de mémoire représente un enjeu civique et pédagogique pour la transmission du patrimoine mémoriel aux jeunes générations. Il nous conduit jusqu’au bois de Bascaules où Pierre FARINES, Henri THIEBAUD et Jean LABASTIE ont été suppliciés.

On ne peut imaginer ce que furent les derniers moments de ces trois combattants de notre liberté.

Indicibles pensées. Seuls et ensemble.

Seuls avec leur vie intime, leur famille aimée.

Ensemble avec cet attachement commun aux valeurs de la république.

Les derniers pas sur le chemin de lumière qui mène sur le haut du bois de Bascaules.

Ces pas que nous faisons chaque année vers la clairière, envahis par des sentiments de profonde injustice, de respect pour ces trois hommes.

Ce respect dû, que trop souvent notre société bafoue à travers des amalgames qui assombrissent notre démocratie.

"Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux" a écrit Victor HUGO.

L’éternité est dans les valeurs qu’on laisse derrière soi.

Jean LABASTIE, Pierre FARINES, Henri THIEBAUD nous laissent en héritage l’amour de la liberté, de l’égalité, de la fraternité.

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