1er Août 1914. Le tocsin des églises déchire l’air, le silence des campagnes. C’est la mobilisation générale.
Contrairement à la légende, la mobilisation d'août 1914 ne fut pas accueillie avec enthousiasme. Dans les campagnes, les hommes se mobilisèrent dans le calme et abandonnèrent familles et moissons pour partir au front, sans se révolter.
Certes, il y eu des mouvements d’effusion, notamment lors des défilés organisés avant le départ, dans les villes de garnison ou dans les gares où se rassemblaient les soldats. Des régiments, musique en tête, partaient acclamés par la foule, mais la majorité des gens passa de la stupeur à la résignation.
Les conscrits se consolaient en songeant qu’ils seraient de retour avant l’hiver. A Noël ils retrouveraient familles et premiers amours.
Mais très vite la réalité de la guerre va s’immiscer dans les corps et les cœurs des soldats. On rejoint les casernes, on reçoit les paquetages bien lourds, 35kg par temps sec, faits de bric et de broc, marmite, gourde, pelle pour creuser dans les tranchées, capote bleue, képi et pantalon rouge bien repérable, couverture roulée, fusil Lebel, grenade.
Après les derniers adieux, les derniers regards, on rejoint les gares et d’interminables journées de train vous amènent vers le front. Puis on marche, on marche courbés direction la Marne, les Ardennes, souvent canalisés par des gendarmes à cheval au cas où on voudrait fuir.
Le premier choc vient avec le premier homme tombé dans les tranchées. Et l’horreur s’installe toujours plus loin dans l’indicible, l’enfer, le fracas étourdissant des bombes, les lambeaux terreux, les corps disloqués, les copains de village abandonnés, démembrés, l’odeur putride, les nuages lourds des gaz qui habitent les boyaux et obligent à se mettre à découvert et devenir des cibles faciles pour l’ennemi.
Longtemps on n’a pas dit le martyr de nos ancêtres. Mais grâce à des écrivains comme Henri Barbusse, Georges Duhamel, à des œuvres cinématographiques récentes – Au revoir là haut, joyeux Noël, un long dimanche de fiançailles – est remonté le calvaire de nos aïeux. Sur les murs des monuments aux morts s’affichent leurs noms. A chacun d’eux est lié une histoire personnelle, une souffrance indescriptible. Il ne faut pas que le temps efface le souvenir de ces vies brisées, anéanties.
Nous sommes aujourd’hui, autour de notre monument, très sensibles à la présence des enfants et des enseignants du groupe scolaire Jean Jaurès et au travail de mémoire effectué. Jean JAURES, pacifiste, assassiné quelques heures avant le début de la guerre, victime de son "amour ardent de l’humanité", comme l’a dit Léon JOUHAUX.
Enfants de nos écoles, faites perdurer à travers les décennies futures, la vie maudite de ces hommes et le récit de leur chemin de croix.