L’armistice a eu lieu le 11 novembre1918 mais certains ne sont rentrés dans leur village que bien plus tard, la paix n’étant signée que le 28 juin 1919.
Il y a aussi ces grands blessés, mutilés, gazés qui vont tenter de vivre, hantés par l’horreur des jours et des nuits passés au front.
Dans le souvenir des enfants nés après la guerre, restera la vision de ces hommes sur les bancs des places de village, traînant leur malheur, contant leur épopée dévastatrice et les derniers moments des compagnons de tranchée, les nuits de détresse, l’enfer au quotidien.
Beaucoup de poilus sont morts dès la première année.
De combats en combats inutiles, ils comprirent vite que leurs assauts, que le gain dérisoire ou la défense de lopin de terre, n’avaient pas beaucoup de sens.
Ils continuèrent surtout à faire leur devoir par solidarité envers leurs semblables tombés au champ d’honneur.
"Ce ne sont pas des soldats, ce sont des hommes, ce sont des laboureurs, des ouvriers qu’on reconnaît dans leur uniforme, ce sont des civils déracinés", écrit Henri Barbusse.
Nous avons mis bien du temps avant de pouvoir parler, écrire la réalité de ces années tragiques. La république hésite à dépoussiérer les heures sombres.
Aujourd’hui devant notre monument, souvenons-nous de ces vies sacrifiées et n’ayons pas l’inconvenance de comparer notre période à celle des guerres du siècle dernier.
La démocratie a besoin d’être vivifiée certes, mais ne nous enfermons pas dans des visions étroites et dans un nationalisme étriqué et haineux. Soyons dignes de ces hommes et respectueux de leur souffrance.
Il dépend de nous que ce sacrifice ne soit pas vain, que notre devoir envers eux ne se borne pas à honorer leur mémoire et à leur apporter rituellement des fleurs et des discours, il dépend de nous d’œuvrer chaque jour afin que l’empathie l’emporte sur l’indifférence, la bienveillance sur l’intolérance, la générosité sur l’individualisme.
Il convient d’enseigner aux jeunes générations que la paix régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit d’une compétition absurde entre les peuples et, pire encore, qu’elle disparaît quand la soif de vivre ensemble et de construire un monde de fraternité et de progrès s’amenuise.
Rendons hommage à toutes les victimes, sachons tirer les leçons du passé.
Continuons d’honorer nos morts, parce qu’ils ont, par le sacrifice de leur vie, un droit sur la nôtre.