Le Houga

Mairie

11 novembre 2019

Carré militaire

Passé la signature du premier traité de paix et l’annonce de la victoire alliée sur l’Allemagne, que s’est-il passé pour les soldats de la Grande Guerre ?

Après l'armistice a commencé un long travail pour retrouver les corps des poilus morts ou disparus. Des monuments sont érigés dans les communes, à la gloire des soldats tombés au combat.

L'Armistice a été ressenti par les contemporains comme un immense espoir. On a cru que la guerre à laquelle il mettait fin serait la dernière, la "der des der".

Voir la suite du discours de Mme Patricia Feuillet Galabert, Maire de Le Houga

Cependant, les souffrances des soldats ne se sont pas arrêtées avec l’armistice, il y a ceux qui, emprisonnés, meurent en captivité, ceux qui meurent des séquelles de leurs blessures ou de maladies contractées en service, il y a ceux qui ont miraculeusement survécu au carnage de la Grande Guerre, aux horreurs des tranchées et qui doivent reprendre leur place dans la vie civile. Les séquelles de la guerre se lisent sur les visages des gueules cassées et les membres meurtris des invalides, mais aussi dans la vie quotidienne des survivants. Le syndrome de stress post-traumatique, hante la vie de nombreux hommes et de leur famille.

Le soulagement de novembre 1918 laisse place à des périodes et à des situations personnelles complexes. Après des années de folie meurtrière, "penser l’après" peut prendre du temps.

Si beaucoup de secrets sont restés dans l’intimité des familles, la pudeur et le traumatisme ne sont pas libres de paroles en ce début de XXème siècle, on peut néanmoins imaginer comment s’est passé le retour des soldats.

Se recueillir devant ce carré militaire, s’est penser à ces souffrances, c’est évoquer les morts de 14-18, les morts d’après l’armistice, et les survivants dont l’existence a été broyée.

L’espace d’un instant nous allons faire vivre la mémoire de ces hommes Morts pour la France après la signature de l’armistice.

- LAFFITTE Jean Marie né le 29 janvier 1891 à LUSSAGNET domicilié au HOUGA. Fait prisonnier le 11 février 1915 aux HURLUS, interné à GOLZEM MELDE, MPF le 22 novembre 1918 à l’âge de 27 ans au LAZARET de LEIPZIG. Inhumé à LEIPZIG nord.

- DESTRAC Albert né le 6 décembre 1874 au HOUGA, conducteur au 20ième escadron du train des équipages militaires (ETEM). MPF le 23 mars 1919 à 44 ans à l’hôpital complémentaire 22 d’AGEN des suites de maladie contractée en service, il est inhumé au carré militaire d’AGEN (carré F3, rang 18, tombe 61).

- DUPRAT Maurice né le 9 novembre 1898, au HOUGA, incorporé le 16 avril 1917 au 113ième régiment d’infanterie. Le 9 juin 1918 il disparaît à BIERMONT dans l’Oise. Prisonnier, interné en Belgique, il est rapatrié le 29 novembre 1918. Le 1er janvier 1919 il intègre le 88ième régiment d’infanterie, puis le 3 avril 1919, le 412ième régiment d’infanterie. Le 4 février 1920 il est tué à MARASH en Cilicie à l’âge de 22 ans.

- TAUZIN Henri, né en 1906, MPF en 1926 en Allemagne occupée


Monument aux morts

Si des comités d'accueil sont organisés pour les soldats qui rentrent au pays, en France comme en Allemagne, la période d'après-guerre est aussi celle du deuil. Le défilé du 14 juillet 1919 s'ouvre avec la présence d'un millier d'invalides. Nous devons rester interpelés par l’ampleur et par le nombre de victimes, militaires et civils, de cette Grande Guerre.

  • 10 millions de morts et environ 8 millions d’invalides
  • En France, l’un des pays les plus touchés, on déplore, 1million 400 000 morts ou disparus et 2 millions de blessés, impliquant la disparition de plusieurs générations,
  • 300 000 gueules cassées dont la réinsertion fut difficile.
  • des millions de familles à la vie brisée,
  • 3 millions d’hectares des zones de combat détruits et impropres à la culture.

Nul ne peut mesurer ce qu’a été ce conflit, les conditions atroces dans les tranchées, les pertes innombrables pour ne gagner parfois que quelques mètres carrés, les maladies, la peur, le froid, la souffrance morale et physique vécues par des jeunes qui n’avaient parfois pas 20 ans.

En 1916 l’écrivain Henri Barbusse, prix Goncourt avec "Le feu", est un témoin lucide de la grande guerre. Témoin et acteur. En plein conflit, il écrit ce qu’il ressent, ce qu’il voit. "Tous sont éreintés, écœurés, désespérés, apeurés. Venus d’horizon différents, ces poilus sont liés entre eux par l’instinct de survie, par la misère de leur condition, par leur solidarité fraternelle de soldats".

Que reste-t-il des tragédies du passé lorsque les derniers témoins ont disparu ?

Il nous reste l’histoire ; la force des récits qui disent l’indicible ; il nous reste la mémoire et l’inégalable puissance des témoignages d’archives. Demeure aussi notre capacité à nous rassembler – comme nous le faisons ce matin – pour nous souvenir, et ensemble rendre hommage à ceux qui ne sont plus.

Célébrer le 11 Novembre, c'est entretenir le souvenir de ce jour de 1918 où, enfin, ce conflit sanglant s'arrêtait, le jour où l’on voulait espérer que cette Première Guerre Mondiale serait bel et bien la dernière, car ce jour-là, on ne pouvait savoir qu'elle ne faisait que s'interrompre, et que l'horreur allait recommencer, en pire, 20 ans après.

Pour cela, il ne suffit pas de parcourir les longues listes de noms gravés dans les villes et les villages de France.

Il nous appartient aussi d'associer au souvenir des victimes, la connaissance des causes, les circonstances et les conséquences de cette guerre.

Mais par-dessus tout, il nous appartient de faire passer avant toute autre chose les valeurs républicaines qui nous protègent.

C’est ainsi que nous serons fidèles à la mémoire de ceux dont les noms sont gravés dans le marbre de nos monuments.

Il n’est jamais inutile d’associer au souvenir du 11 novembre les luttes quotidiennes pour combattre ce qui nous divise : l’indifférence, l’intolérance, le racisme, l’individualisme, le repli sur soi… N’oublions jamais qu’il fallu encore un conflit mondial et l’horreur des crimes concentrationnaires pour que la paix s’installe durablement en Europe.

Aujourd’hui, nous rendons hommage à tous les morts pour la France, à toutes celles et tous ceux qui ont donné́ leur vie pour elle. Nous nous souvenons de nos soldats tombés ces dernières années dans le cadre d’opérations extérieures pour défendre l’héritage de nos aînés et faire respecter les Droits de l’homme, lorsque c’est nécessaire.

Gardons toujours à l’esprit que la paix se construit chaque jour. Elle est un bien commun que nous devons entretenir et défendre. Combattons ensemble tous les ferments de haine et imposons la solidarité comme valeur universelle.

N’oublions pas ce message d’un poilu survivant :

Aux générations futures, je dirais : "soyez les messagers de la paix... Soyez les passeurs de la mémoire de la Grande Guerre, car cette tragédie ne devra jamais être oubliée".

Fermer le discours de Mme Patricia Feuillet Galabert, Maire de Le Houga

Photos - 11 novembre 2019

11 novembre 2019 - Le Houga 11 novembre 2019 - Le Houga 11 novembre 2019 - Le Houga 11 novembre 2019 - Le Houga 11 novembre 2019 - Le Houga